Voici la version française de la transcription du discours que j’ai prononcé en anglais lors de ce séminaire en ligne organise par IANDS le 19 août 2023
Je n’ai aucun talent d’oratrice, mais je suis autrice, alors j’ai préparé quelques lignes de mots à partager avec vous.
Au cours des 20 prochaines minutes, j’aimerais vous vous dire combien mes multiples expériences de transformation spirituelle et mes deux expériences de mort imminente me furent utiles. J’espère que mon histoire agira aussi comme une invitation à nous pencher sur les recoins où les graines d’une vie saine ont été plantées et sur la façon dont elles s’épanouissent dans nos vies.
Alors, en quoi telles expériences m’ont-elles été utiles ? Elles ont soufflé le vent de la vie sur mon chemin. Elles ont déposé des graines de santé émotionnelle et spirituelle dans mon cœur. Elles ont créé les normes qui m’ont permis de pouvoir juger mon propre comportement et celui d’autrui. Elles m’ont aidé à apprendre le discernement. Elles m’ont appris à engendrer une sécurité intérieure et extérieure relatives. Elles furent comme les cailloux blancs que Le Petit Poucet avait mis dans sa poche pour pouvoir retrouver le chemin de sa maison après que ses parents l’avaient eu abandonné, lui et ses frères et sœurs.
Le Petit Poucet est un conte de l’auteur français Charles Perrault publié pour la première fois en 1697 dans un recueil de contes de fées. Si les Américains sont familiers avec le petit chaperon rouge, la belle au bois dormant, et le chat botté de Charles Perrault, ils ne connaissent pas Hop O My Thumb, qui est la traduction anglaise du petit poucet. Mais je suis née et j’ai grandi en France de parents divorcés qui me parlaient français et qui parlaient le patois local avec leurs parents, et j’ai appris à m’exprimer en grande partie avec ce recueil de contes de fées. Et de tous les contes de Perrault, c’est le petit poucet qui m’a le plus parlé.
C’est l’histoire d’un couple démuni qui abandonne leur 7 enfants dans la forêt afin qu’ils meurent de faim et qu’ils cessent d’être des bouches à nourrir. Le plus jeune, qui ne mesure qu’un pouce, surprend la conversation de ses parents alors qu’ils élaborent le plan d’abandonner leurs enfants. Il a la prévoyance de se remplir les poches de petits cailloux blancs. Alors que les parents conduisent les enfants vers l’intérieur de la forêt, il fait tomber ses cailloux un par un afin que, même au clair de lune, il puisse retracer ses pas en sens inverse, avec ses frères et sœurs, jusqu’à leur maison. A leur retour, cependant, leurs parents se mettent en colère et abandonnent à nouveau leurs enfants. Cette fois, alors que les frères et sœurs cherchent comment sortir de la forêt, ils tombent sur la maison d’un ogre, de sa femme, et de leurs 7 filles. L’ogre, étant un ogre, veut tuer et manger les 7 frères et sœurs, mais le petit poucet parvient à déjouer les plans de l’ogre, qui tue ses propres filles au lieu des enfants. Le petit poucet déjoue également les plans de l’ogresse. A la fin de l’histoire, on apprend que le petit poucet ramène ses frères et sœurs sains et saufs à la maison. Il apporte aussi avec lui tous les trésors matériels que l’ogre et l’ogresse avaient accumulé.
Mes professeurs m’expliquèrent que la morale du conte de fées était la suivante : le plus petit des enfants est capable de sauver sa famille de la pauvreté s’il est assez rusé.
Mais l’histoire ne m’a jamais parlé ainsi. La morale offerte par mes professeurs me paraissait grotesque. L’immense détresse émotionnelle des enfants était balayée sous le tapis. De plus, je n’avais pas la personnalité rusée de Le Petit Poucet. Même si je n’étais qu’à l’école primaire, j’étais déjà fatigué de la vie et je ne voulais ni espionner ni me battre contre les adultes. Mijoter des complots contre ceux qui auraient dû me protéger me paraissait futile.
J’étais certaine d’avoir vécu ailleurs que sur terre avant ma naissance. J’étais persuadée que ma naissance avait elle-même été une erreur. Ma seule envie était de retourner d’où je venais, pas de rendre la monnaie à des monstres et démons en tous genres.
Mon premier souvenir d’enfance remonte au moment où j’étais en train de gratter le mur à côté de mon petit lit a barreaux à un âge où je me trouvais à la frontière de l’acquisition du langage. Je me souvenais avoir traversé une sorte d’autoroute brumeuse mais lumineuse d’un blanc grisâtre qui n’était pas plate mais comme un tube à travers lequel j’avais glissé jusqu’au moment venu d’investir mon corps physique, celui qui me permet maintenant de vous parler. Au fur et à mesure que mon corps nouveau-né se développait, dès que je pus me lever et rester stable assez longtemps pour pouvoir gratter le mur le long duquel mon berceau avait été poussé, je le fis. J’ai lacéré le papier peint bleu de mes petits doigts pour rouvrir l’accès a ce tunnel, et quand j’atteins le plâtre derrière le papier peint, la couleur lumineuse du plâtre me fit penser que j’avais bien atteint un morceau de l’autoroute que j’avais parcourue avant ma naissance. La consistance crayeuse du mur me rappelait également la texture du tunnel qui me reliait à mon monde d’avant. C’était ce genre d’onctuosité qui m’avait permis de glisser dans ce tunnel-autoroute sans effort. J’étais convaincue, bien avant mes premiers cours de chimie, qu’il y avait de l’espace dans ce qui, sur terre, prenait l’apparence de matière solide. J’étais convaincue d’avoir emprunté cet espace avant de devenir la petite Dominique. Une fois sur terre, cependant, gratter à travers le mur pour reprendre cette autoroute-tunnel demandait un certain effort car l’espace s’était rétréci et la matière était devenue plus envahissante. Cependant, le plâtre s’effritait bien sous mes doigts et j’étais convaincue que, si seulement je continuais de creuser, je pourrais passer à travers le plâtre et retourner chez moi.
À un certain moment, j’ai entendu une voix télépathique me dire que j’allais oublier ce passage et que mon oubli serait en lien avec le processus d’acquisition du langage, mais j’ai juré que je n’oublierais pas.
Je n’ai jamais oublié avoir traversé un tunnel d’espace lumineux sur le chemin de ma naissance. Je n’ai jamais oublié venir d’ailleurs. Dans ce monde prénatal, il y avait des informations cruciales qui pouvaient m’aider à comprendre comment vivre sur terre. Je n’ai jamais oublié cela. Je me suis aussi toujours souvenue que ce monde dont je venais était aussi éloigné et pourtant aussi proche que l’espace entre les atomes de mon corps et de l’univers terrestre qui m’avait happée. Mais, a l’âge de cinq ans, j’avais complètement oublié le contenu de ces informations cruciales à ma bonne adaptation à la vie terrestre.
Retournons maintenant à notre petit poucet. Voici la deuxième raison pour laquelle cette histoire me parlait tant : les parents du petit poucet l’avaient abandonné ainsi que ses frères et sœurs parce qu’ils les percevaient comme un fardeau dont ils voulaient se débarrasser, mais ils ne vivaient pas au plein jour cette horrible vérité. Ils abandonnèrent leurs enfants hors de la vue et du jugement du public.
Un tel comportement me rappelait malheureusement celui de mes propres parents et, plus tard, celui de ma belle-mère. En public, c’étaient des gens d’un certain statut social, mais en privé, avec moi ou derrière mon dos, c’étaient des gens abusifs qui ont maintes fois et de maintes façons trahi mon innocence et ma confiance. D’une certaine manière, cependant, même si ma personnalité n’était pas celle du petit poucet, ce conte m’a donné l’espoir qu’à ma manière, je pourrai un jour échapper à leur emprise. A l’époque, cependant, encore si jeune, cela signifiait pour moi retrouver le chemin de l’autoroute lumineuse par laquelle j’étais venue dans cette vie et l’emprunter en sens inverse.
Mes parents n’auraient jamais dû se marier. Ils se sont pourtant mariés 17 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Même s’ils avaient grandi à seulement quelques kilomètres l’un de l’autre en Auvergne, ils étaient issus de familles aux valeurs profondément différentes. Les parents de ma mère avaient rejoint la Résistance pendant la guerre, et ils savaient que le père de mon père avait collaboré avec le gouvernement de Vichy et la Gestapo. Ils ne voulaient pas que leur fille, en se mariant, entre dans ce genre de famille. De même, les valeurs de mon père ne pouvaient pas être plus différentes de celles de ma mère. Une femme devait obéir à son mari et à son beau-père et elle ne pouvait pas travailler. Bref, neuf mois après que ma mère m’ait donné naissance, elle quitta mon père et toute sa famille et m’emmena chez ses parents. Elle emmena aussi les chiens que mon père avait jetés d’un coup de pied du haut d’un escalier en ciment en se plaignant que ma mère les aimait plus que lui. On a tous les trois fait le voyage sur la banquette arrière de la 2CV de ma mère, moi dans mon couffin. Cela marqua le début d’un divorce amer et acrimonieux qui ne fut finalisé que vers mes 5 ans. Et pour le restant de leur vie, ils continuèrent de m’utiliser pour se venger l’un de l’autre par procuration. Plus tard ma belle-mère qui, souffrant d’endométriose, ne pouvait avoir d’enfants, s’est mise à m’en vouloir d’avoir à supporter mon existence et ma présence chez elle pendant deux mois de l’année et ajouta des louches de sel a cette soupe déjà immangeable.
A cela vint s’ajouter un autre problème de taille. Enfant, et même pendant la majorité de ma vie adulte, je ne pouvais accepter à quel point leurs personnalités et comportements antagonistes m’avaient affectée et continuaient de m’affecter en mal, même de loin et longtemps après avoir déménagé seule en Amérique.
Comme l’explique la psychologue Jennifer Freyd dans sa théorie du traumatisme de trahison, les enfants victimes de trahisons parentales dépendent de leurs parents pour leur survie et donc, pour sauvegarder les liens affectifs nécessaires à leur survie, ils ne « voient » pas les trahisons de ceux censés les protéger. C’est un mécanisme nécessaire à la survie, bien sûr, mais qui est cependant profondément dommageable pour la santé à long terme. D’où le traumatisme créé lors de ce processus de cécité psychologique.
Les parents du petit poucet étaient dépourvus de tout confort matériel. Les miens ne l’étaient pas, mais ils étaient tout aussi dépourvus spirituellement et émotionnellement.
En résumé, les enfants ne peuvent pas voir que leurs parents et beaux-parents sont des individus profondément toxiques car ils dépendent entièrement de ces gens pour leur survie. En confrontant leurs parents, les enfants risquent de les aliéner, et donc ils risquent la mort. Pour éviter ma mort, j’ai donc commencé à croire, comme mes parents et ma belle-mère le croyaient, que ma naissance était de ma faute et que je n’aurais jamais dû naître. Mon corps a développé des maladies chroniques. Quand j’avais 4 ou 5 ans, ma petite copine voisine de chez mes grands-parents paternels mourut d’un cancer. Ma grand-mère, fervente catholique, m’informa qu’elle était montée au ciel et qu’elle ne souffrait plus. Je lui dit que moi aussi je souhaitais pouvoir aller au ciel afin de ne plus souffrir, mais elle m’a demandé de ne pas dire de choses pareilles.
A 5 ans, j’avais déjà perdu espoir de pouvoir retrouver et déblayer l’entrée de l’autoroute lumineuse qui aurait pu me ramener vers ma vie antérieure et vers ce monde que j’étais convaincue ne jamais avoir dû quitter. Un jour, cependant, alors que je regardais une adaptation cinématographique américaine de 1959 du livre de Jules Verne Voyage au centre de la terre, une image s’est égrainée dans mon paysage intérieur : je me vis piégée dans une toile d’araignée géante quelque part sous la terre au-dessus de laquelle ma vraie maison était érigée. L’araignée géante pouvait arriver à tout moment pour commencer à me dévorer vivante. Rien que d’y penser, ça me paralysait. Et pourtant, ma maison d’en haut continuait de projeter sa lumière à travers un cratère qui me laissait entrevoir l’autoroute lumineuse qui reliait les deux mondes. J’étais captive de la toile d’araignée, paralysée de terreur, mais je voyais aussi le chemin de ma libération s’esquisser. Si seulement j’arrivais à couper les fils qui me retenaient captive de cette toile d’araignée, je saurais comment remonter à la surface et au-dessus de la terre où j’étais tombée et ou je m’étais faite piéger.
Durant la décennie qui suivit et jusqu’à mes seize ans, j’ai bien essayé de me libérer. Deux rappels spontanés de vies antérieures sont même venus à mon aide. Dans cette vie, je n’allais pas répéter les chemins de la drogue et de la violence physique parcourus dans le passé. La communication intuitive avec les animaux me venait aussi naturellement et m’apportait un grand réconfort car, les animaux et moi, nous nous connections vraiment de cœur à cœur, là où ça fait du bien. Lors d’une occasion mémorable, des chiens apparurent mȇme à l’improviste pour me protéger d’un taureau qui chargeait et qui m’aurait sûrement encornée sans leur mystérieuse intervention. Leur intervention mystérieuse me fit découvrir que quelque chose dans l’univers veillait sur moi et que les chiens comprenaient ce langage bienveillant de l’univers et me faisaient cadeau de leur affection authentique.
Mais puisque je ne dispose que d’une vingtaine de minutes, je vais maintenant vous parler de ma première expérience de mort imminente a l’age de seize ans lorsque la paralysie s’empara subitement de moi. C’est à ce moment-là que, contre toute attente, j’appris que ma présence sur terre n’était pas une erreur et que je ne devais pas chercher a tout pris a reprendre le chemin de la vie en sens inverse pour retourner d’où je venais.
Ma vie sur terre n’était donc pas une erreur ? Bon ! je peux l’admettre ! Mais maintenant, j’avais un autre problème de taille dont je veux maintenant vous parler. Pendant ma première expérience de mort imminente, j’ai retrouvé l’entrée du tunnel lumineux que je n’avais jamais oublié depuis ma naissance. J’étais si heureuse de pouvoir finalement retourner dans mon pays d’origine, celui que je n’aurais jamais dû quitter ! Mais voilà : il arriva un moment dans mon voyage à travers cet espace lumineux où quelque chose entrava mon envol. Une voix télépathique commença à me parler. Je ne pouvais pas distinguer si c’était la même voix qui m’avait dit, alors que j’apprenais a parler, que j’oublierais ma vie d’avant ma naissance et tout le savoir dont j’aurais cependant besoin pour réussir ma vie sur terre. Cette voix m’informait que j’avais un choix à faire, et ce choix se mit à défiler devant moi tel un film : je pouvais continuer mon envol vers le monde où je vivais avant de naitre. Si je faisais un tel choix, cependant, je ne pourrais pas rester longtemps dans cet espace lumineux de bonheur. Très vite, je devrais me réincarner. Cette nouvelle réincarnation se mit à défiler devant moi et s’arrêta sur un gros plan de moi, jeune fille, prisonnière à l’intérieur d’un complexe d’adobe et regardant à travers une porte en fer voûtée l’immensité d’un désert. Parce que j’étais du sexe féminin, je ne pouvais pas partir avec les rares marchands du désert qui passaient à l’occasion. Pourtant j’aspirais à leur liberté comme si j’étais sur le point de mourir de soif. Néanmoins, je savais que, dans cette vie future, me libérer serait beaucoup plus difficile à accomplir que me libérer dans ma vie de Dominique vivant dans une démocratie.
Mais de quoi devais-je me libérer dans la vie que je menais déjà en tant que Dominique ? C’était mon nouveau problème à résoudre. C’était un problème de taille que la voix télépathique ne m’aida pas à résoudre. J’entendis seulement que, si je choisissais de continuer mon envol hors de Dominique, mes vies deviendraient de moins en moins propices à l’accomplissement de l’objectif que je m’étais fixée dans pour ma vie de Dominique. Peu importe le nombre de vies que cela prendrait, je devrais cependant atteindre cet objectif !
A mon retour à la vie en tant que Dominique de 16 ans, une colère bouillonnante s’installa en mon for intérieur. Écrasée était ma certitude antérieure que je pouvais retourner dans le monde d’où je venais et y rester pour l’éternité si seulement je pouvais trouver l’entrée de l’autoroute lumineuse qui pourrait m’y ramener. Et pour ajouter une cerise amère sur cet horrible gâteau, j’étais maintenant submergée sous la nécessité de comprendre ce que j’étais venue faire dans la vie.
Mes grands-parents maternels, qui avaient combattu les nazis et avec qui j’avais vécu les premières années de ma vie, vénéraient les Alliés et les Américains. Ils disaient que, sans leur intervention, il n’y aurait pas eu de libération en France et en Europe. (D’ailleurs, j’appris plus tard qu’un voisin avait dénoncé mon grand-père à la Gestapo quelques jours seulement avant le débarquement. Si la lettre de dénonciation était parvenue au siège de la Gestapo à Chamalières seulement quelques semaines plus tôt, je ne serais pas là aujourd’hui à vous parler de ma quête spirituelle). Le mot libération me parlait déjà de façon intime, et j’ai simplement fait la liaison entre la libération de la France à ma libération personnelle. J’ai donc décidé de partir en Amérique a la recherche de ma libération personnelle.
Encore une fois, pour gagner du temps, je vais avancer rapidement jusqu’à l’âge de vingt ans, quand j’ai atterri en Californie avec en poche un visa d’étudiante étrangère.
Je m’étais emmenée avec moi ! Et ca allait devenir un gros problème, pour moi !
Dans l’espoir d’oublier mon passé, je pris le nombre maximum de cours chaque semestre pour apprendre à devenir américaine le plus rapidement possible. J’avais cette croyance étrange, irrationnelle, mais inébranlable, à l’époque, que dès le moment où je me transformerais en américaine, je serais automatiquement libérée. Souvenez-vous, je n’avais que 20 ans à l’époque.
Je vis pourtant le jour de la réception de mon statut de résidente permanente des États-Unis comme telle une biche coincée dans les phares d’une voiture sur le point de l’écraser.
Nouveau survol de vie pour nous emmener à l’âge de 27 ou 28 ans. Je me retrouve à nouveau paralysée. Cette fois, j’étais assez âgée pour comprendre que j’avais besoin connaitre l’amour. Je sentais que l’amour me donnerait l’énergie physique, le carburant, pour ainsi dire, nécessaire à ma vie sur terre afin que je puisse vivre assez longtemps pour découvrir ce que j’étais venue faire, le faire, et enfin partir sans devoir revenir pour finir mon travail inachevé.
Ce jour-là, j’étais seule avec mes chiens. Je n’arrivais pas à dormir car je sentais mon corps succomber à la paralysie totale. À l’époque, je faisais du bénévolat auprès d’une organisation de défense des animaux, mais je ne savais pas si j’aurais la force d’appeler l’une des autres bénévoles pour qu’elle s’occupe de mes chiens au cas où je mourrais pour de bon, cette fois-ci. À l’époque, les refuges pour animaux de la ville de San Diego vendaient encore chiens, chats, et autres animaux qu’ils étaient censés protéger à des laboratoires de recherche médicale. Penser que mes chiens pourraient se retrouver attachés à une table et découpés vivants me remplit d’une rage incroyable qui fit boule de neige et s’agrandit de toutes les blessures de ceux qui ne pouvaient pas se défendre et qui se retrouvaient piégés dans leurs propres versions d’une toile d’araignée géante au centre de la terre, figés dans l’attente que le monstre s’apprête à les digérer vivants. Tous les griefs que j’avais accumulés contre un dieu que je considérais comme un souverain sadique de l’univers refirent surface. À ce moment-là, bien que mon corps soit paralysé et allongé au lit, mon esprit ne s’était jamais senti aussi fort ni aussi combatif.
Subitement, j’ai lancé un défi à ce criminel dégénéré et sadique que les Américains appelaient Dieu. Ce défi pris la forme d’un duel à mort, un combat d’épée à la manière française. « Si tu existes, espèce de salopard, si tu veux me faire croire que tu es Dieu comme veulent me le faire croire les Américains, montre-moi ce que c’est que l’amour ! Si tu n’y arrives pas, c’est preuve que tu n’es qu’un imposteur. Et alors là, je jure que là, je te tuerai. J’en finirai avec toi une fois pour toutes. Je te suivrai jusqu’en enfer et de l’autre côté de l’enfer s’il le faut, mais je te tuerai !
Le super-guerrier que je me souvenais avoir été dans une vie passée refit surface à ce moment-là et se mit à vivre en moi. Je savais qu’ainsi possédée d’un esprit aussi indomptable, j’irais jusqu’au bout de mon défi.
Je m’observais aussi, en même temps. La facilité avec laquelle j’avais mis le Dieu Américain et Français dans le même sac qu’u un chef de guerre sadique et narcissique à abattre me surprenait. Cette gigantesque confiance en moi me surprenait aussi
Dieu ne vint cependant pas à moi sous la forme vile que j’avais conceptualisée. Une main évanescente d’apparence humanoïde me souleva hors de mon corps et jusque dans une forêt luxuriante où la pensée même de la douleur n’existait pas. J’étais seule avec les arbres et les plantes, il n’y avait pas d’autres humains, et j’éprouvais un sentiment de bien-être, de sécurité, de calme et de soulagement que je ne savais pas auparavant pouvoir exister. J’ai eu faim, et une fleur jaune a instantanément glissé le long d’une branche d’arbre pour que je puisse boire son nectar. Il n’était pas nécessaire de tuer des animaux pour se nourrir. J’étais vraiment au paradis.
Je me suis demandé à qui appartenait la main qui m’avait soulevée dans un tel paradis. Un esprit magnifique et d’apparence androgyne m’est apparu. Imaginez un croisement entre les interprétations artistiques du dieu Shiva et de Mahavatar Babaji, et vous pourrez vous faire une idée de ce dont avait l’air cet esprit.
Mais, choquée, je me rendis compte que je le rendais triste.
Je ne pouvais absolument pas supporter de le rendre triste !
Je devinais qu’il était triste parce que, au lieu de vivre, pendant toute ma vie j’avais vécu sans être ni vivante ni morte. Mais pourquoi cela le rendait-il triste ? Shiva m’emmena à un endroit dans la forêt où l’on pouvait voir la terre en contrebas. C’était la nuit, donc tout ce que je pouvais voir, c’étaient les contours terrestres en toile de fond pour de nombreuses petites lumières minuscules mais brillantes qui scintillaient à la surface de la terre. C’est alors que j’ai compris que Shiva souhaitait que je me réveille pour devenir l’une de ces petites lumières sur terre.
Je compris aussi intuitivement que, si je ne devenais pas une petite lumière sur terre, je ne pourrais plus remonter dans notre forêt magique. Je ne pourrais plus être réunie avec lui. L’énergie du paradis de Shiva bloquerait la mienne, restée trop différente. Devenir une petite lumière transformerait pour de bon mon énergie actuelle, la rendrait plus stablement paradisiaque afin que, une fois le moment venu de mourir pour de bon, je puisse rester un peu plus longtemps dans cette forêt magique.
La leçon de ma deuxième expérience proche de la mort était maintenant limpide : je devais redescende sur terre. Mais cette fois, il fallait que je vive pleinement et que je brille ! Ce fut probablement la nouvelle la plus choquante de ma vie !
Et sans l’intervention d’une autre expérience de transformation spirituelle, j’aurais rejeté un tel savoir, je me serais dit que ce n’était rien d’autre qu’un fruit de mon imagination plus coloré que les autres !
Une petite chienne nommée Maïka, que j’aimais de tout mon cœur et qui me rendait mon amour de tout son cœur, vint vers moi dans un rêve quelques temps après. Le rêve était si réel qu’il m’a réveillé. Elle m’a dit que j’apprendrais qu’elle était morte, mais de ne pas pleurer, car…
Elle me montra où elle était.
Elle était dans un pré adjacent à la forêt de Shiva !
Je faisais entièrement confiance à Maïka, contrairement aux humains. Après son intervention mystique, je n’ai plus jamais douté de ce que j’avais vécu pendant cette deuxième expérience proche de la mort, et je me suis efforcée de devenir la petite lumière sur terre que Shiva m’encourageait tant à devenir.
En conclusion :
Expliquer de façon adéquate les étapes que j’ai suivies pour me libérer de la toile d’araignée géante qui m’avait emprisonnée prendrait trop de temps. Je voudrais cependant vous dire que ma capacité à couper les liens qui me liaient à ce paysage intérieur infernal dépendait autant de la vulgarisation de nouvelles découvertes dans le domaine de la psychologie que de mon ancrage dans le monde de Shiva. Je suis particulièrement redevable aux docteurs Ramani Durvasula et Les Carter. Ils créent nombre de merveilleuses vidéos sur leurs chaines YouTube afin de diffuser des informations d’intérêt général sur les personnalités toxiques, comment réparer les dégâts qu’elles causent, et comment s’en protéger. Je suis aussi particulièrement redevable à Amma Sri Karunamayi et à Sri M, mes professeurs bien-aimés, qui sillonnent le monde en personne pour nous apprendre a vivre.
Jusqu’à présent, ma façon de faire briller ma petite lumière dans le monde fut de mettre terme à la plupart des schémas familiaux intergénérationnels abusifs autant sur le plan psychologique qu’émotionnel et spirituel. Je suis vraiment reconnaissante de pouvoir ressentir un profond et inébranlable amour pour mon enfant. C’est cet amour pour lui qui a enflammé mon esprit et qui m’a donné la force de faire en sorte que je puisse transformer en mieux ce que le passe m’avait transmis de toxique.
Je me sens maintenant sur le point de me lancer vers d’autres horizons, qui ne sont pourtant pas entièrement nouveaux, et je prie de pouvoir continuer à être conduite et guidée afin de continuer de faire briller ma petite lumière sur de nouveaux recoins de notre belle terre.