Francais · Memoir

Les Droits des Femmes Américaines v. La Fin

Voici la version française de American Women’s Rights v. The End publiée en anglais dans la revue québécoise bilingue The Nelligan Review (https://www.nelligan.review/):

Depuis le 24 juin 2022 aux Etats-Unis, le droit à l’avortement n’est plus protégé par la Constitution fédérale. Deux ans seulement après le revirement de jurisprudence concernant Roe v. Wade, le droit des femmes à l’avortement est dorénavant restreint ou carrément supprimé dans environ la moitié des États. En pratique, cela signifie que, dans la moitié du pays, nous avons moins de deux semaines à partir du moment où nous réalisons que nos règles sont en retard pour décider d’avorter, trouver un prestataire d’avortement, réunir les fonds nécessaires pour un éventuel voyage interétatique, obtenir un rendez-vous, et subir l’intervention. En effet, le compte à rebours légal commence dès le dernier jour de nos dernières règles ! L’avortement est néanmoins toujours accessible dans environ la moitié des États, mais cela peut changer rapidement si Trump est réélu en novembre 2024, alors je prie Dieu pour que Kamala Harris puisse être élue présidente des Etats-Unis en novembre 2024.

Je prie Dieu pour que Kamala Harris gagne. Attendez ! Ai-je bien écrit que je prie Dieu pour que la candidate démocrate à la présidentielle soit élue afin qu’elle préserver et restaure nos droits en matière de sexualité et de procréation ? Oui, car l’anglais est ma langue d’adoption, et donc j’ai dû apprendre cette langue qui met Dieu a toutes les sauces. Les Américains mettent Dieu par ci et par là plus souvent qu’ils ne le pensent. Ils éternuent, et c’est que Dieu vous bénisse ! Ils s’énervent, et c’est oh mon Dieu ! Ils pensent que vous êtes sur la mauvaise voie, et ils vous  demandent, au nom de Dieu, pourquoi donc. Ils sont stupéfaits, et c’est pour l’amour de Dieu. Le Seigneur a également sa place à la table du parler, alors faites attention de ne pas prononcer le nom du Seigneur en vain sous peine que Dieu vous foudroie – bien que, jusqu’à présent, Dieu ait épargné tous les menteurs. Dieu ne se montre pourtant pas rechignant envers les armes à feu. Il n’y a qu’à lire les signes divins qui apparaissent sur les casquettes de baseball : Dieu, Fusils d’Assaut, et Trump. Parfois, on ajoute Liberté, Bière et Barbecue à cette salade de mots. Jésus se tient quand même un peu en retrait. Jésus côtoyant une mitraillette serait une image un peu plus difficile à avaler, peut-être. Vous devriez vous plonger dans le Nouveau Testament. Aime ton prochain comme toi-même. Dieu, ça prend moins de place en majuscules sur un chapeau, et ça donne meilleure conscience que Jésus. À moins que vous ayez plus d’espace pour écrire, comme sur les T-shirts à 19,99 $ d’Amazon. Alors là, Jésus est mon sauveur, et Trump mon président. Oh, Seigneur ! Oh mon Dieu ! Oh, Jésus !

Quand j’étudiais l’anglais en tant que langue étrangère en France dans un lycée de province, Monsieur Regard, mon professeur, avait prévenu notre classe que nous ne pourrions comprendre les Américains si nous ne consacrions pas au moins un peu de temps à la lecture de la Bible et de l’histoire des puritains en Angleterre et dans le Nouveau Monde. Nous étions des adolescents, à l’époque, alors nous affairer à comprendre les paroles des chansons rock – ou disco, dans mon cas – était plus attrayant. De plus, je n’aurais jamais pensé, à seize ans, que je me trouverais en Californie du Sud quatre ans plus tard en tant qu’étudiante étrangère De plus, j’avais lu qu’il y existait la séparation de l’Église et de l’État aux États-Unis. De plus, j’avais lu que les États-Unis étaient une démocratie fondée sur les principes des droits naturels, tout comme en France. Les gens avaient des droits naturels qui existaient avant que Dieu ne se laisse pousser la barbe et avant même qu’il naisse. Il nous restait simplement à définir et défendre ces droits, après cela. Les droits des femmes, les droits des enfants, les droits des animaux. Lève-toi, debout, lève-toi pour tes droits, comme dans la chanson de Bob Marley.

Une fois aux États-Unis, cependant, une dissonance cognitive s’est installée dans ma vie. Je n’ai encore pas su régler la discorde mentale qui résulte des conflits nés des affrontements entre mes observations et mes apprentissages à la vie américaine, d’une part, et d’autre part de la confluence entre le mythe du rêve américain et l’idée très personnelle que je m’étais faite des États-Unis avant de m’installer dans ce pays. En effet, peu après l’age de seize ans, j’avais commencé à envisager de quitter mon pays natal car j’essayais de survivre à une enfance difficile. Je réfléchissais. Sans l’intervention des Américains et des forces alliées pendant la Seconde Guerre mondiale, mes grands-parents maternels auraient été abattus ou déportés pour leurs activités dans la Résistance française, alors je me suis mise à penser que les Américains pourraient tout aussi bien me sauver. C’était aussi simple que cela, dans mon esprit d’adolescente de seize ans.

Je devins citoyenne américaine avant la trentaine, mais j’étais encore loin de comprendre de quel genre de libération j’avais besoin. De qui devais-je me libérer, et de quoi ? Bref, l’Amérique ne m’avait pas sauvée comme par magie dès l’instant où j’avais posé le pied sur le sol américain à la descente de mon vol intercontinental. J’aurais bien aimé que l’Amérique soit si grande qu’elle puisse résoudre comme par magie tous mes problèmes – linguistiques, économiques, psychologiques, émotionnels, juridiques, et surtout ceux que je ne pouvais nommer, ceux qui pourtant dirigeaient ma vie. Oui, j’aurais aimé que l’Amérique soit un pays magique digne de Disneyland, mais pour de vrai. Un endroit où tous nos souhaits se réalisent.

En décembre 2000, cependant, un sérieux sentiment d’appréhension commença à s’installer. L’élection présidentielle entre Gore et Bush était trop serrée pour nommer un vainqueur. La marge de victoire était inférieure à 0,5 % en Floride, alors la Cour suprême de Floride ordonna un recomptage manuel, mais l’équipe juridique de Bush affirma que la Cour suprême de Floride avait outrepassé son autorité et porta l’affaire devant la Cour suprême des Etats-Unis. La Cour suprême – comme elle a continué à le faire le 1er juillet 2024 – s’est prononcée contre un processus électoral démocratique. 

En décembre 2000, la vie commença à ne plus jamais être comme avant, pour moi. Mon espoir de voir l’Amérique mener le monde vers une ère d’énergie durable s’effondra. Pire encore, j’ai ressenti un sentiment profond de trahison, comme si un membre de ma famille adoptive pour lequel j’aurais donné ma vie m’avait mutilée à vie. J’étais si perturbée que j’ai même envisagé d’abandonner ma première année de doctorat en anglais pour aller vivre hors réseau, loin des gens. Mais comment allais-je prendre soin de mes chiens ? Et comment allais-je survivre ? J’ai maintenu le cap, cependant, même si l’espèce de brise-glace psychologique dans lequel je me suis installée pour naviguer ces eaux menaçantes me donnait le mal de mer. Même si j’y laissais la peau, j’allais devenir plus Américaine que les Américains de naissance !

J’aurais aimé comprendre, en l’an 2000, ce que Robert Kagan a expliqué de manière si brillante et succincte dans une interview accordée à Vanity Fair en avril 2024 alors qu’il faisait la promotion de son dernier livre, Rebellion : How Antiliberalism Is Tearing America Apart – Again. Kagan soutient qu’ « il y a toujours eu un segment de la population hostile à la démocratie libérale – et qu’il ne manque pas de figures de proue pour mener une révolte contre elle ». Il retrace cette tendance antilibérale américaine « depuis la fondation de la nation jusqu’au mouvement MAGA d’aujourd’hui, et lance un avertissement sévère : Donald Trump, ses alliés et ses partisans ont rendu possible la dissolution de la démocratie libérale américaine ». Et « qu’ils réussissent ou non », écrit Kagan, « dépendra du peuple américain, démocrates comme républicains ».

Les opinions de Kagan dans le Washington Post sont accompagnées de titres effrayants tels que « C’est ainsi que le fascisme arrive en Amérique », « Nous avons une démocratie radicale. Les électeurs de Trump vont-ils la détruire ? » ou encore « La dictature de Trump : comment y mettre fin ? » Quel sera le titre de sa prochaine opinion dans le Washington Post maintenant que la Cour suprême a statué le 1er juillet 2024 que « le président est désormais un roi au-dessus de la loi », comme l’a exprimé la juge Sotomayor dans son opinion dissidente ?

Selon l’Encyclopédie de l’Holocauste, le fascisme rejette les pratiques du gouvernement démocratique représentatif ou libéral. Les dictateurs n’autorisent pas l’existence de partis d’opposition forts. Aux États-Unis, nous avons toujours un système bipartite, mais que se passerait-il si Trump était élu en 2024 ? Trump lui-même a répondu à cette question le 29 juillet 2024. Comme le rapporte The Guardian, Trump a exhorté ses partisans à « sortir et à voter, juste cette fois », ajoutant que « vous n’aurez plus à le faire. Quatre ans de plus, vous savez quoi ? Ce sera réglé, tout ira bien, vous n’aurez plus à voter, mes beaux chrétiens. » Et si ses propos effraient même Fox News, Trump ment et dit qu’il ne pensait pas vraiment ce qu’il a dit – jusqu’à ce qu’il gagne.

Ne vous y trompez pas : les partisans du mouvement MAGA veulent que le Dieu de l’Ancien Testament intronise leur roi Trump, l’Élu qui déchaînera la colère de Dieu sur tous ses adversaires. Et cela est vrai pour les partisans de Trump qui sont nés aux États-Unis ainsi que pour les immigrants qui aspirent aux traditions autoritaires de leur pays d’origine parce qu’elles leur sont familières. Un pigeon se lève tous les jours. Les pigeons MAGA croient que leur roi les sauvera de la dictature des principes énoncés dans le Nouveau Testament. Ils ne le formuleraient pas ainsi, bien sûr. Ce sont de bonnes gens, a ce qu’ils en disent. Mais, dans leur monde, les femmes furent créées à partir de l’une des côtes de l’homme, l’homme doit dominer – pas protéger – la nature, et le monde vivant doit se soumettre à un suzerain tout-puissant qui a du goût à la vengeance.

Je vous en supplie : votez pour Kamala Harris et Tim Walz, sinon c’en est fini de la démocratie américaine !

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Irreversible

My mother was not yet one and my father not yet two years old when the Second World War officially started in Europe. Growing up, I often wondered how the pervasive fear that my grandparents must have felt shaped my parents’ upbringing and subsequent behavior toward me. There was a mystery that I could not solve, however – and still can’t. Why was it that, under similar socio-political circumstances, people of the same background and raised within miles of each other could value behaviors that were at the opposite ends of the human behavioral spectrum?

After nearly four decades of living in the USA, I feel like I haven’t even left the France of my childhood. The difference between sitting down at the paternal side of the table and sitting down at the maternal side of the table is as vast as sitting down at the MAGA side of the table and sitting down at everything else that is not MAGA side of the table. As a child, I had no choice but to be split in two along with the table. Divorce court orders.

When might makes right and lies don’t matter…That’s not my way of life, not in France, not in the USA. What do I do about it?

Hoping that I may convince a few undecided voters before the 2024 elections in the USA, I wrote two political essays.

From “A Bad Case of Betrayal Trauma,” fellow author François Bereaud (francoisbereaud.com), highlights that 

Like with drunks, there’s no point in arguing. Economic uncertainty can bring out the worst in people regardless of where in the world you live. As fascists know too well, reason is no match for frustration. 

 “So well stated. And so rough to read … after,” posts Bereaud.

From “American Women’s Rights v. The End,” to be published in the Nelligan Review, I highlight the following:

Make no mistake about it: MAGA supporters want the God of the Old Testament to enthrone their King Trump, the Chosen One who will unleash the wrath of God on all his opponents. 

May the real God help us all!

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Grief and Writing

My little Nina died. I will never be the same. 

It sounds trite. It is not. 

Nina was – it’s difficult to write “was” as I can’t let her go – a little chihuahua terrier mix I adopted from the Pasadena Humane Society in 2014. I can’t let her go. 

She died on the last day of September 2024. It was a Monday, the day of Shiva.

I listen to David Gilmour. Nina and I touch the space between guitar and divine; think of Michelangelo’s two hands, but it’s my hand and Nina’s paw. 

Looks like I am trying to cope with loss through creative writing as my two latest publications are about loss. 

A Vision of Love” is about incarnating a vision of love after you wake up and lose it. The 108-word micro was accepted for publication the day when I picked up Nina’s ashes, which was on Monday, October 7. It was published the following Monday, October 14, in Maya’s Micros, the 108-word max short form feature of the literary magazine The Closed Eye Open. “Why 108, you may ask? Have fun speculating” writes Maya Highland, who edits that feature, along with Daniel A. Morgan. For me, that number has to do with Shiva and Mondays.

In 2023, The Closed Eye Open had already published “Just Say No – Unsquared,” a story about how a past life recall positively influenced my life. I feel a kinship with the editorial focus of that magazine. 

My other recently published story is “Blue Frog Looking for Her Words,” which is about grief after the suicide of a loved one. It was published in September 2024 in Wild Roof Journal. It so happens that Aaron Lelito, who is one of the editors of The Closed Eye Open and Maya’s Micros, is also the founder and editor-in-chief of Wild Roof Journal. Synchronicity at play.

I thank the editorial team of both journals for allowing my words to exist on their pages, but I’m still looking for my words.

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Vote Kamala

2024 is a crucial election year in the USA. If Trump is elected, our American democracy will be in peril, and it’s putting me on edge.

I have been writing a couple of personal essays on that subject to help stave off my anxiety at the prospect of becoming a Trump subject in a fascist state sanctified by the Supreme Court and organized according to the dictates of the 2025 Presidential Transition Project.

I’m grateful to Tangled Locks Journal for creating a space where women like me can express their hope for a strengthened democracy. Vote Kamala and read my most recent essay, “A Bad Case of Betrayal Trauma.” 

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For Where Your Treasure Is, There Your Heart Will Be Also

I recently went back to Auvergne for about a month to help my mother transition into a new nursing care facility. It was a time of genuine sharing with friends, family members, neighbors, and trusted community members. It was a time of reminiscence, sadness, but also joy. It was a time of accounting for the treasures or lack thereof gathered on the journey of life. It was a time for surveying how such treasures were shared and how such sharing or lack thereof impacted us and those in our environment. 

 It was also a time of wondering why on earth I had left as I do love my native Auvergne. I knew, already – I had left shortly after my maternal grandfather Marius’ death on the heels of my sixteenth birthday. Without him as my safety net, I did not think that I could survive life. Even though I never tried to commit suicide, my body shut down as Marius was in the process of dying. I wouldn’t have minded dying, too, but a near-death experience showed me what would happen if I let go of the will to live. That’s the subject of another story (my next story, perhaps). The practical consequence of that near-death experience was that I would have to find a way to remain alive. In my young mind, the idea that America and Americans could save me because they had saved Marius during the war, started to take form.

As I walked down the streets of Tauves, the wonderful village in which my grandparents owned a tailoring shop they had jointly named Le Style Modern’, I started pondering the reasons why the loss of my grandfather had so profoundly affected the course of my life. I often stopped in front of the house that is no longer Le Style Modern’ – the shop is now owned by someone else who transformed it into a vacation home. During my stay, the brown shades on what used to be the shop windows were rolled down. I could not see through, but I stared through the brown metal anyway. And when I got back to the USA, I wrote On the Edge of My Mother Tongue, which was published in the July 2024 issue of the gorgeous magazine The Write Launch.

My grandfather Marius and the dog Marco Polo, Marius’ sidekick, lay treasures in my heart that thieves cannot steal. It has been my goal to pass them forward to my son, and it will be my most treasured achievement if I succeed.

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When Obstacles Propel Us Forward

My goal to start writing in French while still living in the USA has fallen flat. Doing so is about as easy as raising a bilingual child when only one of the parents speaks the other language.

And yet, writing in French for the last few months has taken my writing in a new direction. It has led me to focus on the crucial importance of context and of narrative structures such as the hero/heroine’s journey and hybrid forms.

My newest short story in English, a fiction hybrid entitled “Blue Frog Looking for Her Words,” is a direct result of my dabbling in both languages at once. It will be published in the September 2024 issue of Wild Roof Journal. Much gratitude to Aaron Lelito and his team!

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Three Horses for a Narrator

I am currently at work on an autobiographical novel whose central theme is the formation of self-awareness at various reality crossings; the language that has joined me for this project is French, my native tongue.

Since 2021, I have published about thirty stories in English. Yet, suddenly, like an exhausted horse, my English came to a halt. Not one to push an animal, I got off the saddle. Quizzically, my English steed stared back at me. In her eyes, I saw that I was no jockey.

We’d been running to stave off our unease, but we’d galloped so far from our original stable that we needed to build a new one closer to where we’d arrived. We needed a home where we would feel safe and content. As soon as we finished formulating our desire, a third horse showed up. A French horse. For a while now, we’ve all been learning to relax in each other’s company. We’ve also been eating a lot of grass and flowers.

The manuscript is scheduled for completion in the Summer of 2024.

Header photo by Gene Devine on Unsplash

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Past-Life Memories Can Be Good for You

“Just Say No – Unsquared,” my short memoir about the positively transformative power of remembering lessons learned in a past life as an opium addict, is now published in Issue X of The Closed Eye.

Now is a good time to reflect a bit on how I managed to write about such a subject. I arrived at near-fluency in American English in the early nineties, a time when New Age conferences were plentiful and where authors like Dannion Brinkley, a former Marine, cracked jokes about his near-death experiences. Philosopher and psychiatrist Raymond Moody had already coined and popularized the term “Near Death Experience.” Additionally, the psychiatrist Ian Stevenson, had already founded the Division of Perceptual Studies at the University of Virginia School of Medicine and popularized the idea that reincarnation could perhaps be proven.  At the time, I counted my blessings and told myself that, had I remained in France, I would have withered away from lack of exposure to content about what was crucial for me to be able to start living the truths embedded in my own unusual life experiences. The odd thing is that I had never heard of the groundbreaking work of French authors and researchers Evelyne-Sarah Mercier and Jean-Pierre Jourdan of IANDS France, among other French trailblazers!

Now, three decades later, I am becoming part of the conversations aiming to redefine our presuppositions about consciousness.

In gratitude to all the people who have paved the way and continue to do so!

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Sharing Life Changing Mystical Experiences

It was a pleasure sharing a bit about my spiritual journey during IANDS’ Life Changing Mystical Experiencers’ Panel on August 19, 2023.

Kevin McNamara, Randy Kolibaba, and I spoke from very different places, but we each shared our own piece of the puzzle with a wonderful audience.

Thanks to IANDS, Betty Guadagno, and IANDS’ technical team for making this event possible.

If you missed it and are interested, you can buy a copy of the recording here:  https://isgo.iands.org/product/life-changing-mystical-experiencers-panel/. You may also download a transcript in English or read the translation en Françaises.

headshot Dominique Margolis
Francais · Memoir

IANDS le 19 août 2023

Voici la version française de la transcription du discours que j’ai prononcé en anglais lors de ce séminaire en ligne organise par IANDS le 19 août 2023

Je n’ai aucun talent d’oratrice, mais je suis autrice, alors j’ai préparé quelques lignes de mots à partager avec vous.

Au cours des 20 prochaines minutes, j’aimerais vous vous dire combien mes multiples expériences de transformation spirituelle et mes deux expériences de mort imminente me furent utiles. J’espère que mon histoire agira aussi comme une invitation à nous pencher sur les recoins où les graines d’une vie saine ont été plantées et sur la façon dont elles s’épanouissent dans nos vies.

Alors, en quoi telles expériences m’ont-elles été utiles ? Elles ont soufflé le vent de la vie sur mon chemin. Elles ont déposé des graines de santé émotionnelle et spirituelle dans mon cœur. Elles ont créé les normes qui m’ont permis de pouvoir juger mon propre comportement et celui d’autrui. Elles m’ont aidé à apprendre le discernement. Elles m’ont appris à engendrer une sécurité intérieure et extérieure relatives. Elles furent comme les cailloux blancs que Le Petit Poucet avait mis dans sa poche pour pouvoir retrouver le chemin de sa maison après que ses parents l’avaient eu abandonné, lui et ses frères et sœurs.

Le Petit Poucet est un conte de l’auteur français Charles Perrault publié pour la première fois en 1697 dans un recueil de contes de fées. Si les Américains sont familiers avec le petit chaperon rouge, la belle au bois dormant, et le chat botté de Charles Perrault, ils ne connaissent pas Hop O My Thumb, qui est la traduction anglaise du petit poucet. Mais je suis née et j’ai grandi en France de parents divorcés qui me parlaient français et qui parlaient le patois local avec leurs parents, et j’ai appris à m’exprimer en grande partie avec ce recueil de contes de fées. Et de tous les contes de Perrault, c’est le petit poucet qui m’a le plus parlé.

C’est l’histoire d’un couple démuni qui abandonne leur 7 enfants dans la forêt afin qu’ils meurent de faim et qu’ils cessent d’être des bouches à nourrir. Le plus jeune, qui ne mesure qu’un pouce, surprend la conversation de ses parents alors qu’ils élaborent le plan d’abandonner leurs enfants. Il a la prévoyance de se remplir les poches de petits cailloux blancs. Alors que les parents conduisent les enfants vers l’intérieur de la forêt, il fait tomber ses cailloux un par un afin que, même au clair de lune, il puisse retracer ses pas en sens inverse, avec ses frères et sœurs, jusqu’à leur maison. A leur retour, cependant, leurs parents se mettent en colère et abandonnent à nouveau leurs enfants. Cette fois, alors que les frères et sœurs cherchent comment sortir de la forêt, ils tombent sur la maison d’un ogre, de sa femme, et de leurs 7 filles. L’ogre, étant un ogre, veut tuer et manger les 7 frères et sœurs, mais le petit poucet parvient à déjouer les plans de l’ogre, qui tue ses propres filles au lieu des enfants. Le petit poucet déjoue également les plans de l’ogresse. A la fin de l’histoire, on apprend que le petit poucet ramène ses frères et sœurs sains et saufs à la maison. Il apporte aussi avec lui tous les trésors matériels que l’ogre et l’ogresse avaient accumulé.  

Mes professeurs m’expliquèrent que la morale du conte de fées était la suivante : le plus petit des enfants est capable de sauver sa famille de la pauvreté s’il est assez rusé.

Mais l’histoire ne m’a jamais parlé ainsi. La morale offerte par mes professeurs me paraissait grotesque. L’immense détresse émotionnelle des enfants était balayée sous le tapis. De plus, je n’avais pas la personnalité rusée de Le Petit Poucet. Même si je n’étais qu’à l’école primaire, j’étais déjà fatigué de la vie et je ne voulais ni espionner ni me battre contre les adultes. Mijoter des complots contre ceux qui auraient dû me protéger me paraissait futile.

J’étais certaine d’avoir vécu ailleurs que sur terre avant ma naissance. J’étais persuadée que ma naissance avait elle-même été une erreur. Ma seule envie était de retourner d’où je venais, pas de rendre la monnaie à des monstres et démons en tous genres.

Mon premier souvenir d’enfance remonte au moment où j’étais en train de gratter le mur à côté de mon petit lit a barreaux à un âge où je me trouvais à la frontière de l’acquisition du langage. Je me souvenais avoir traversé une sorte d’autoroute brumeuse mais lumineuse d’un blanc grisâtre qui n’était pas plate mais comme un tube à travers lequel j’avais glissé jusqu’au moment venu d’investir mon corps physique, celui qui me permet maintenant de vous parler. Au fur et à mesure que mon corps nouveau-né se développait, dès que je pus me lever et rester stable assez longtemps pour pouvoir gratter le mur le long duquel mon berceau avait été poussé, je le fis. J’ai lacéré le papier peint bleu de mes petits doigts pour rouvrir l’accès a ce tunnel, et quand j’atteins le plâtre derrière le papier peint, la couleur lumineuse du plâtre me fit penser que j’avais bien atteint un morceau de l’autoroute que j’avais parcourue avant ma naissance. La consistance crayeuse du mur me rappelait également la texture du tunnel qui me reliait à mon monde d’avant. C’était ce genre d’onctuosité qui m’avait permis de glisser dans ce tunnel-autoroute sans effort. J’étais convaincue, bien avant mes premiers cours de chimie, qu’il y avait de l’espace dans ce qui, sur terre, prenait l’apparence de matière solide. J’étais convaincue d’avoir emprunté cet espace avant de devenir la petite Dominique. Une fois sur terre, cependant, gratter à travers le mur pour reprendre cette autoroute-tunnel demandait un certain effort car l’espace s’était rétréci et la matière était devenue plus envahissante.  Cependant, le plâtre s’effritait bien sous mes doigts et j’étais convaincue que, si seulement je continuais de creuser, je pourrais passer à travers le plâtre et retourner chez moi.

À un certain moment, j’ai entendu une voix télépathique me dire que j’allais oublier ce passage et que mon oubli serait en lien avec le processus d’acquisition du langage, mais j’ai juré que je n’oublierais pas.

Je n’ai jamais oublié avoir traversé un tunnel d’espace lumineux sur le chemin de ma naissance. Je n’ai jamais oublié venir d’ailleurs. Dans ce monde prénatal, il y avait des informations cruciales qui pouvaient m’aider à comprendre comment vivre sur terre. Je n’ai jamais oublié cela. Je me suis aussi toujours souvenue que ce monde dont je venais était aussi éloigné et pourtant aussi proche que l’espace entre les atomes de mon corps et de l’univers terrestre qui m’avait happée. Mais, a l’âge de cinq ans, j’avais complètement oublié le contenu de ces informations cruciales à ma bonne adaptation à la vie terrestre.

Retournons maintenant à notre petit poucet. Voici la deuxième raison pour laquelle cette histoire me parlait tant : les parents du petit poucet l’avaient abandonné ainsi que ses frères et sœurs parce qu’ils les percevaient comme un fardeau dont ils voulaient se débarrasser, mais ils ne vivaient pas au plein jour cette horrible vérité. Ils abandonnèrent leurs enfants hors de la vue et du jugement du public.

Un tel comportement me rappelait malheureusement celui de mes propres parents et, plus tard, celui de ma belle-mère. En public, c’étaient des gens d’un certain statut social, mais en privé, avec moi ou derrière mon dos, c’étaient des gens abusifs qui ont maintes fois et de maintes façons trahi mon innocence et ma confiance. D’une certaine manière, cependant, même si ma personnalité n’était pas celle du petit poucet, ce conte m’a donné l’espoir qu’à ma manière, je pourrai un jour échapper à leur emprise.  A l’époque, cependant, encore si jeune, cela signifiait pour moi retrouver le chemin de l’autoroute lumineuse par laquelle j’étais venue dans cette vie et l’emprunter en sens inverse.

Mes parents n’auraient jamais dû se marier. Ils se sont pourtant mariés 17 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Même s’ils avaient grandi à seulement quelques kilomètres l’un de l’autre en Auvergne, ils étaient issus de familles aux valeurs profondément différentes. Les parents de ma mère avaient rejoint la Résistance pendant la guerre, et ils savaient que le père de mon père avait collaboré avec le gouvernement de Vichy et la Gestapo. Ils ne voulaient pas que leur fille, en se mariant, entre dans ce genre de famille. De même, les valeurs de mon père ne pouvaient pas être plus différentes de celles de ma mère. Une femme devait obéir à son mari et à son beau-père et elle ne pouvait pas travailler. Bref, neuf mois après que ma mère m’ait donné naissance, elle quitta mon père et toute sa famille et m’emmena chez ses parents. Elle emmena aussi les chiens que mon père avait jetés d’un coup de pied du haut d’un escalier en ciment en se plaignant que ma mère les aimait plus que lui. On a tous les trois fait le voyage sur la banquette arrière de la 2CV de ma mère, moi dans mon couffin. Cela marqua le début d’un divorce amer et acrimonieux qui ne fut finalisé que vers mes 5 ans. Et pour le restant de leur vie, ils continuèrent de m’utiliser pour se venger l’un de l’autre par procuration. Plus tard ma belle-mère qui, souffrant d’endométriose, ne pouvait avoir d’enfants, s’est mise à m’en vouloir d’avoir à supporter mon existence et ma présence chez elle pendant deux mois de l’année et ajouta des louches de sel a cette soupe déjà immangeable.

A cela vint s’ajouter un autre problème de taille. Enfant, et même pendant la majorité de ma vie adulte, je ne pouvais accepter à quel point leurs personnalités et comportements antagonistes m’avaient affectée et continuaient de m’affecter en mal, même de loin et longtemps après avoir déménagé seule en Amérique.

Comme l’explique la psychologue Jennifer Freyd dans sa théorie du traumatisme de trahison, les enfants victimes de trahisons parentales dépendent de leurs parents pour leur survie et donc, pour sauvegarder les liens affectifs nécessaires à leur survie, ils ne « voient » pas les trahisons de ceux censés les protéger. C’est un mécanisme nécessaire à la survie, bien sûr, mais qui est cependant profondément dommageable pour la santé à long terme. D’où le traumatisme créé lors de ce processus de cécité psychologique.

    Les parents du petit poucet étaient dépourvus de tout confort matériel. Les miens ne l’étaient pas, mais ils étaient tout aussi dépourvus spirituellement et émotionnellement.

En résumé, les enfants ne peuvent pas voir que leurs parents et beaux-parents sont des individus profondément toxiques car ils dépendent entièrement de ces gens pour leur survie. En confrontant leurs parents, les enfants risquent de les aliéner, et donc ils risquent la mort. Pour éviter ma mort, j’ai donc commencé à croire, comme mes parents et ma belle-mère le croyaient, que ma naissance était de ma faute et que je n’aurais jamais dû naître. Mon corps a développé des maladies chroniques. Quand j’avais 4 ou 5 ans, ma petite copine voisine de chez mes grands-parents paternels mourut d’un cancer. Ma grand-mère, fervente catholique, m’informa qu’elle était montée au ciel et qu’elle ne souffrait plus. Je lui dit que moi aussi je souhaitais pouvoir aller au ciel afin de ne plus souffrir, mais elle m’a demandé de ne pas dire de choses pareilles.

A 5 ans, j’avais déjà perdu espoir de pouvoir retrouver et déblayer l’entrée de l’autoroute lumineuse qui aurait pu me ramener vers ma vie antérieure et vers ce monde que j’étais convaincue ne jamais avoir dû quitter. Un jour, cependant, alors que je regardais une adaptation cinématographique américaine de 1959 du livre de Jules Verne Voyage au centre de la terre, une image s’est égrainée dans mon paysage intérieur : je me vis piégée dans une toile d’araignée géante quelque part sous la terre au-dessus de laquelle ma vraie maison était érigée. L’araignée géante pouvait arriver à tout moment pour commencer à me dévorer vivante. Rien que d’y penser, ça me paralysait. Et pourtant, ma maison d’en haut continuait de projeter sa lumière à travers un cratère qui me laissait entrevoir l’autoroute lumineuse qui reliait les deux mondes. J’étais captive de la toile d’araignée, paralysée de terreur, mais je voyais aussi le chemin de ma libération s’esquisser. Si seulement j’arrivais à couper les fils qui me retenaient captive de cette toile d’araignée, je saurais comment remonter à la surface et au-dessus de la terre où j’étais tombée et ou je m’étais faite piéger.

Durant la décennie qui suivit et jusqu’à mes seize ans, j’ai bien essayé de me libérer. Deux rappels spontanés de vies antérieures sont même venus à mon aide. Dans cette vie, je n’allais pas répéter les chemins de la drogue et de la violence physique parcourus dans le passé. La communication intuitive avec les animaux me venait aussi naturellement et m’apportait un grand réconfort car, les animaux et moi, nous nous connections vraiment de cœur à cœur, là où ça fait du bien. Lors d’une occasion mémorable, des chiens apparurent mȇme à l’improviste pour me protéger d’un taureau qui chargeait et qui m’aurait sûrement encornée sans leur mystérieuse intervention. Leur intervention mystérieuse me fit découvrir que quelque chose dans l’univers veillait sur moi et que les chiens comprenaient ce langage bienveillant de l’univers et me faisaient cadeau de leur affection authentique.

Mais puisque je ne dispose que d’une vingtaine de minutes, je vais maintenant vous parler de ma première expérience de mort imminente a l’age de seize ans lorsque la paralysie s’empara subitement de moi. C’est à ce moment-là que, contre toute attente, j’appris que ma présence sur terre n’était pas une erreur et que je ne devais pas chercher a tout pris a reprendre le chemin de la vie en sens inverse pour retourner d’où je venais.

Ma vie sur terre n’était donc pas une erreur ? Bon ! je peux l’admettre ! Mais maintenant, j’avais un autre problème de taille dont je veux maintenant vous parler. Pendant ma première expérience de mort imminente, j’ai retrouvé l’entrée du tunnel lumineux que je n’avais jamais oublié depuis ma naissance. J’étais si heureuse de pouvoir finalement retourner dans mon pays d’origine, celui que je n’aurais jamais dû quitter ! Mais voilà : il arriva un moment dans mon voyage à travers cet espace lumineux où quelque chose entrava mon envol. Une voix télépathique commença à me parler. Je ne pouvais pas distinguer si c’était la même voix qui m’avait dit, alors que j’apprenais a parler, que j’oublierais ma vie d’avant ma naissance et tout le savoir dont j’aurais cependant besoin pour réussir ma vie sur terre. Cette voix m’informait que j’avais un choix à faire, et ce choix se mit à défiler devant moi tel un film : je pouvais continuer mon envol vers le monde où je vivais avant de naitre. Si je faisais un tel choix, cependant, je ne pourrais pas rester longtemps dans cet espace lumineux de bonheur. Très vite, je devrais me réincarner. Cette nouvelle réincarnation se mit à défiler devant moi et s’arrêta sur un gros plan de moi, jeune fille, prisonnière à l’intérieur d’un complexe d’adobe et regardant à travers une porte en fer voûtée l’immensité d’un désert. Parce que j’étais du sexe féminin, je ne pouvais pas partir avec les rares marchands du désert qui passaient à l’occasion. Pourtant j’aspirais à leur liberté comme si j’étais sur le point de mourir de soif. Néanmoins, je savais que, dans cette vie future, me libérer serait beaucoup plus difficile à accomplir que me libérer dans ma vie de Dominique vivant dans une démocratie.

Mais de quoi devais-je me libérer dans la vie que je menais déjà en tant que Dominique ? C’était mon nouveau problème à résoudre. C’était un problème de taille que la voix télépathique ne m’aida pas à résoudre. J’entendis seulement que, si je choisissais de continuer mon envol hors de Dominique, mes vies deviendraient de moins en moins propices à l’accomplissement de l’objectif que je m’étais fixée dans pour ma vie de Dominique. Peu importe le nombre de vies que cela prendrait, je devrais cependant atteindre cet objectif !

A mon retour à la vie en tant que Dominique de 16 ans, une colère bouillonnante s’installa en mon for intérieur. Écrasée était ma certitude antérieure que je pouvais retourner dans le monde d’où je venais et y rester pour l’éternité si seulement je pouvais trouver l’entrée de l’autoroute lumineuse qui pourrait m’y ramener. Et pour ajouter une cerise amère sur cet horrible gâteau, j’étais maintenant submergée sous la nécessité de comprendre ce que j’étais venue faire dans la vie.

Mes grands-parents maternels, qui avaient combattu les nazis et avec qui j’avais vécu les premières années de ma vie, vénéraient les Alliés et les Américains. Ils disaient que, sans leur intervention, il n’y aurait pas eu de libération en France et en Europe. (D’ailleurs, j’appris plus tard qu’un voisin avait dénoncé mon grand-père à la Gestapo quelques jours seulement avant le débarquement. Si la lettre de dénonciation était parvenue au siège de la Gestapo à Chamalières seulement quelques semaines plus tôt, je ne serais pas là aujourd’hui à vous parler de ma quête spirituelle). Le mot libération me parlait déjà de façon intime, et j’ai simplement fait la liaison entre la libération de la France à ma libération personnelle. J’ai donc décidé de partir en Amérique a la recherche de ma libération personnelle.

Encore une fois, pour gagner du temps, je vais avancer rapidement jusqu’à l’âge de vingt ans, quand j’ai atterri en Californie avec en poche un visa d’étudiante étrangère.

Je m’étais emmenée avec moi ! Et ca allait devenir un gros problème, pour moi !

Dans l’espoir d’oublier mon passé, je pris le nombre maximum de cours chaque semestre pour apprendre à devenir américaine le plus rapidement possible. J’avais cette croyance étrange, irrationnelle, mais inébranlable, à l’époque, que dès le moment où je me transformerais en américaine, je serais automatiquement libérée. Souvenez-vous, je n’avais que 20 ans à l’époque.

Je vis pourtant le jour de la réception de mon statut de résidente permanente des États-Unis comme telle une biche coincée dans les phares d’une voiture sur le point de l’écraser.

Nouveau survol de vie pour nous emmener à l’âge de 27 ou 28 ans. Je me retrouve à nouveau paralysée. Cette fois, j’étais assez âgée pour comprendre que j’avais besoin connaitre l’amour. Je sentais que l’amour me donnerait l’énergie physique, le carburant, pour ainsi dire, nécessaire à ma vie sur terre afin que je puisse vivre assez longtemps pour découvrir ce que j’étais venue faire, le faire, et enfin partir sans devoir revenir pour finir mon travail inachevé.

Ce jour-là, j’étais seule avec mes chiens. Je n’arrivais pas à dormir car je sentais mon corps succomber à la paralysie totale. À l’époque, je faisais du bénévolat auprès d’une organisation de défense des animaux, mais je ne savais pas si j’aurais la force d’appeler l’une des autres bénévoles pour qu’elle s’occupe de mes chiens au cas où je mourrais pour de bon, cette fois-ci. À l’époque, les refuges pour animaux de la ville de San Diego vendaient encore chiens, chats, et autres animaux qu’ils étaient censés protéger à des laboratoires de recherche médicale. Penser que mes chiens pourraient se retrouver attachés à une table et découpés vivants me remplit d’une rage incroyable qui fit boule de neige et s’agrandit de toutes les blessures de ceux qui ne pouvaient pas se défendre et qui se retrouvaient piégés dans leurs propres versions d’une toile d’araignée géante au centre de la terre, figés dans l’attente que le monstre s’apprête à les digérer vivants. Tous les griefs que j’avais accumulés contre un dieu que je considérais comme un souverain sadique de l’univers refirent surface. À ce moment-là, bien que mon corps soit paralysé et allongé au lit, mon esprit ne s’était jamais senti aussi fort ni aussi combatif.

Subitement, j’ai lancé un défi à ce criminel dégénéré et sadique que les Américains appelaient Dieu. Ce défi pris la forme d’un duel à mort, un combat d’épée à la manière française. « Si tu existes, espèce de salopard, si tu veux me faire croire que tu es Dieu comme veulent me le faire croire les Américains, montre-moi ce que c’est que l’amour ! Si tu n’y arrives pas, c’est preuve que tu n’es qu’un imposteur. Et alors là, je jure que là, je te tuerai. J’en finirai avec toi une fois pour toutes. Je te suivrai jusqu’en enfer et de l’autre côté de l’enfer s’il le faut, mais je te tuerai !

Le super-guerrier que je me souvenais avoir été dans une vie passée refit surface à ce moment-là et se mit à vivre en moi. Je savais qu’ainsi possédée d’un esprit aussi indomptable, j’irais jusqu’au bout de mon défi.

Je m’observais aussi, en même temps. La facilité avec laquelle j’avais mis le Dieu Américain et Français dans le même sac qu’u un chef de guerre sadique et narcissique à abattre me surprenait. Cette gigantesque confiance en moi me surprenait aussi

Dieu ne vint cependant pas à moi sous la forme vile que j’avais conceptualisée. Une main évanescente d’apparence humanoïde me souleva hors de mon corps et jusque dans une forêt luxuriante où la pensée même de la douleur n’existait pas. J’étais seule avec les arbres et les plantes, il n’y avait pas d’autres humains, et j’éprouvais un sentiment de bien-être, de sécurité, de calme et de soulagement que je ne savais pas auparavant pouvoir exister. J’ai eu faim, et une fleur jaune a instantanément glissé le long d’une branche d’arbre pour que je puisse boire son nectar. Il n’était pas nécessaire de tuer des animaux pour se nourrir. J’étais vraiment au paradis.

Je me suis demandé à qui appartenait la main qui m’avait soulevée dans un tel paradis. Un esprit magnifique et d’apparence androgyne m’est apparu. Imaginez un croisement entre les interprétations artistiques du dieu Shiva et de Mahavatar Babaji, et vous pourrez vous faire une idée de ce dont avait l’air cet esprit.

Mais, choquée, je me rendis compte que je le rendais triste.

Je ne pouvais absolument pas supporter de le rendre triste !

Je devinais qu’il était triste parce que, au lieu de vivre, pendant toute ma vie j’avais vécu sans être ni vivante ni morte. Mais pourquoi cela le rendait-il triste ? Shiva m’emmena à un endroit dans la forêt où l’on pouvait voir la terre en contrebas. C’était la nuit, donc tout ce que je pouvais voir, c’étaient les contours terrestres en toile de fond pour de nombreuses petites lumières minuscules mais brillantes qui scintillaient à la surface de la terre. C’est alors que j’ai compris que Shiva souhaitait que je me réveille pour devenir l’une de ces petites lumières sur terre.

Je compris aussi intuitivement que, si je ne devenais pas une petite lumière sur terre, je ne pourrais plus remonter dans notre forêt magique. Je ne pourrais plus être réunie avec lui. L’énergie du paradis de Shiva bloquerait la mienne, restée trop différente. Devenir une petite lumière transformerait pour de bon mon énergie actuelle, la rendrait plus stablement paradisiaque afin que, une fois le moment venu de mourir pour de bon, je puisse rester un peu plus longtemps dans cette forêt magique.

La leçon de ma deuxième expérience proche de la mort était maintenant limpide :  je devais redescende sur terre.  Mais cette fois, il fallait que je vive pleinement et que je brille ! Ce fut probablement la nouvelle la plus choquante de ma vie !

Et sans l’intervention d’une autre expérience de transformation spirituelle, j’aurais rejeté un tel savoir, je me serais dit que ce n’était rien d’autre qu’un fruit de mon imagination plus coloré que les autres !

Une petite chienne nommée Maïka, que j’aimais de tout mon cœur et qui me rendait mon amour de tout son cœur, vint vers moi dans un rêve quelques temps après. Le rêve était si réel qu’il m’a réveillé. Elle m’a dit que j’apprendrais qu’elle était morte, mais de ne pas pleurer, car…

Elle me montra où elle était.

Elle était dans un pré adjacent à la forêt de Shiva !

Je faisais entièrement confiance à Maïka, contrairement aux humains. Après son intervention mystique, je n’ai plus jamais douté de ce que j’avais vécu pendant cette deuxième expérience proche de la mort, et je me suis efforcée de devenir la petite lumière sur terre que Shiva m’encourageait tant à devenir.

En conclusion :

Expliquer de façon adéquate les étapes que j’ai suivies pour me libérer de la toile d’araignée géante qui m’avait emprisonnée prendrait trop de temps. Je voudrais cependant vous dire que ma capacité à couper les liens qui me liaient à ce paysage intérieur infernal dépendait autant de la vulgarisation de nouvelles découvertes dans le domaine de la psychologie que de mon ancrage dans le monde de Shiva. Je suis particulièrement redevable aux docteurs Ramani Durvasula et Les Carter. Ils créent nombre de merveilleuses vidéos sur leurs chaines YouTube afin de diffuser des informations d’intérêt général sur les personnalités toxiques, comment réparer les dégâts qu’elles causent, et comment s’en protéger. Je suis aussi particulièrement redevable à Amma Sri Karunamayi et à Sri M, mes professeurs bien-aimés, qui sillonnent le monde en personne pour nous apprendre a vivre.

Jusqu’à présent, ma façon de faire briller ma petite lumière dans le monde fut de mettre terme à la plupart des schémas familiaux intergénérationnels abusifs autant sur le plan psychologique qu’émotionnel et spirituel. Je suis vraiment reconnaissante de pouvoir ressentir un profond et inébranlable amour pour mon enfant. C’est cet amour pour lui qui a enflammé mon esprit et qui m’a donné la force de faire en sorte que je puisse transformer en mieux ce que le passe m’avait transmis de toxique. 

Je me sens maintenant sur le point de me lancer vers d’autres horizons, qui ne sont pourtant pas entièrement nouveaux, et je prie de pouvoir continuer à être conduite et guidée afin de continuer de faire briller ma petite lumière sur de nouveaux recoins de notre belle terre.